J’annonce ici, en avant-première, que, un quart de siècle après sa première publication, une nouvelle édition entièrement revue et actualisée de mon essai Système de la bande dessinée paraîtra au début de l’année 2025. Toujours aux Presses universitaires de France, mais hors collection, et non plus dans la collection « Formes sémiotiques » désormais en sommeil. Ce qui aura pour avantage de permettre à certaines illustrations d’être reproduites en couleur.
Certains le savent, un deuxième volume avait paru en 2011 sous le titre Bande dessinée et narration, complétant l’édifice théorique en abordant certaines questions qui avaient été laissées de côté. Et en 2022, j’ai donné aux Presses universitaires François Rabelais un petit essai sur La Bande dessinée et le temps, qui rééquilibrait la perspective d’ensemble en interrogeant le rapport du récit dessiné à la temporalité et à la durée, quand la première version du Système avait privilégié l’étude des dispositifs spatiaux.
Des parties entières de ces deux autres ouvrages seront intégrées à la nouvelle édition, ainsi que des emprunts à quelques articles que j’ai fait paraître ici ou là. Cette refonte complète permettra au Système de la bande dessinée de trouver enfin sa complétude et une architecture satisfaisante à mes yeux, mais également de tenir compte des évolutions récentes de la bande dessinée.
Par ailleurs, les mêmes PUF vont développer une offre autour de la bande dessinée dans la célèbre collection « Que Sais-je ? » Le volume écrit naguère par Annie Baron-Carvais, publié en 1985, a connu cinq éditions jusqu’à la mort de l’autrice, en 2007. Il m’a été proposé de rédiger un nouveau « Que Sais-je ? » et j’ai fait valoir qu’il ne me paraissait pas raisonnable de vouloir, aujourd’hui encore, faire tenir en 128 petites pages tout ce qu’il faut savoir sur l’histoire de la bande dessinée internationale, ses genres, ses courants, ses grands auteurs, son langage, son esthétique et son économie. Qu’une telle gageure ne viendrait même pas à l’esprit s’agissant de la littérature, du cinéma ou de la peinture, et que la bande dessinée, elle aussi, mérite mieux qu’un traitement sommaire et expéditif. Eh bien ! ce plaidoyer a été entendu et plusieurs auteurs sont en ce moment même sollicités, sur ma recommandation, pour traiter de tel ou tel aspect du sujet. « Que sais-je ? » sera donc, dans quelque temps, la première collection encyclopédique à faire une place, dans son catalogue, à une proposition riche éclairant différents pans du neuvième art. On me permettra de considérer que c’est une grande victoire symbolique.
Dans les années 1980 déjà, les éphémères éditions M.A. m’avaient passé commande, pour la collection « Le Monde de », d’un volume sur LA bande dessinée, et j’avais réussi à obtenir de ne traiter que de la dernière décennie écoulée (cf. La Bande dessinée depuis 1975, M.A., 1985). Quand j’appris que Pierre Marchand, le regretté fondateur de la collection « Découvertes Gallimard », longtemps réfractaire à la bande dessinée, était finalement décidé à l’inclure dans le spectre des sujets abordés, je lui avais fait une proposition de partenariat avec le Centre national de la bande dessinée et de l’image, qui aurait été déclinée en trois volumes (deux découpages étaient possibles : l’un, chronologique ; l’autre, par zones géographiques : Amériques, Europe, Asie et reste du monde). Mais il ne donna pas suite, et ce sont finalement Michel Denni, Claude Moliterni et Philippe Mellot qui signèrent, en 1996, Les Aventures de la BD, ouvrage qui ne marqua pas les mémoires, en dépit des possibilités uniques qu’offrait cette collection à la richesse iconographique incomparable.
Grâce à l’ouverture d’esprit des PUF, il semblerait que nous entrions enfin dans une ère où le domaine de la bande dessinée va être reconnu dans sa richesse et sa diversité. Je conclurai en précisant que, parmi les titres à paraître, j’en signerai moi-même un, mais il me semble prématuré d’en dire davantage.