En 2008, au regretté festival Périscopages de Rennes, Benoît Jacques présentait une installation facétieuse intitulées Planches, dont voici la description par l’artiste lui-même : « Il s’agit de 80 planches de bandes dessinées. Oui, mais des planches en bois, récupérées sur des palettes de livraisons de mes livres. Sur ces planches étroites, passée au latex blanc, des successions de “cases” ont été dessinées à la plume et à l’encre. Dans les phylactères, une graphie illisible laisse au regardeur le soin d’imaginer ce qu’ils racontent. La pièce maîtresse de cette installation [est] une barque en bois de cagettes de cinq mètres de long. » (Extrait d’un entretien avec Christian Rosset publié en ligne sur le site Diacritik, en avril 2020.) L’exposition voyagea dans d’autres lieux, notamment à Angoulême.
Quelque sept années plus tard, le non moins inventif Étienne Lécroart, ci-devant membre de l’Oulipo et de l’Oubapo, proposa à son tour « Planches en vrac ou à la découpe », une exposition d’originaux peints sur des planches de bois. En tout 14 planches, modulables, et accompagnées de reproductions sur carton pour que les visiteurs puissent jouer à reconstituer les puzzles et se livrer à diverses manipulations. L’exposition circula, elle aussi, dans plusieurs festivals et médiathèques.
Ils ignoraient sans doute, l’un et l’autre, que le concept de planche exécutée sur bois avait déjà été pensé par Walt Kelly, le dessinateur du brillant newspaper strip animalier Pogo. Ou peut-être l’avaient-ils su, car cet épisode (« Le cigare demeure et ne se rend pas »), figure dans le volume de la collection « Gag de Poche » édité par Dupuis en 1966, dans une adaptation d’Yvan Delporte. C’est à Howland Owl le hibou et à la tortue « Churchy LaFemme » que revient la paternité de cette trouvaille.
Les dates des strips sont effacées dans l’ouvrage, et la seule indication est celle du copyright : 1951. Je ne suis donc malheureusement pas en mesure de référencer précisément cette séquence.