Le 8 janvier, les librairies accueilleront, sous une couverture empruntée à Michel Rabagliati, une nouvelle édition, « définitive », de mon essai Système de la bande dessinée initialement paru en 1999. Il s’agit d’une version entièrement refondue et actualisée, avec une iconographie pour moitié inédite (dont un cahier de 16 pages en couleurs).
Je présenterai l’ouvrage mardi 21 janvier dans l’émission « Book Club » sur France Culture, dont je suis l’invité (de 15 à 16 h). Pour ceux qui ont l’intention de venir au festival d’Angoulême, qu’ils sachent que le livre, publié par les PUF, sera proposé sur le stand des Impressions nouvelles dans l’« Espace Nouveau Monde », où je signerai le vendredi à 18 h et le samedi à 15 h.
Je me permets de reproduire ici le texte de l’avant-propos de cette nouvelle édition.
« Un quart de siècle après sa publication dans la collection “Formes sémiotiques” des Presses universitaires de France, dirigée par Anne Hénault, voici une édition entièrement revue, corrigée, actualisée de Système de la bande dessinée. Certains développements ont été simplifiés – notamment parce que des mises au point qui m’avaient semblé pertinentes en 1999 ont perdu de leur nécessité –, d’autres significativement augmentés, en prenant en compte les avancées de la recherche et les évolutions de la bande dessinée elle-même.
Un deuxième volume avait paru en 2011 dans la même collection, sous le titre Bande dessinée et narration, complétant l’édifice théorique en abordant certaines questions qui avaient été laissées de côté et en approfondissant l’analyse de certains usages particuliers du système proposé.
En 2022 enfin, je donnais aux Presses universitaires François Rabelais un petit essai sur La Bande dessinée et le temps, qui rééquilibrait la perspective d’ensemble en interrogeant le rapport du récit dessiné à la temporalité et à la durée, quand la première version du Systèmeavait privilégié l’étude des dispositifs spatiaux.
Des parties entières de ces deux autres ouvrages ont été intégrées à la présente édition. Des emprunts ont également été faits à quelques articles que j’ai fait paraître ici ou là. Cette refonte complète permet au Système de la bande dessinée de trouver enfin sa complétude et une architecture satisfaisante à mes yeux.
Quand il m’était donné d’évoquer cet essai, j’ai fréquemment utilisé la métaphore de la “boîte à outils”. Face au formidable foisonnement des formes proposées par la bande dessinée contemporaine, il est légitime de se demander si les outils proposés en 1999 sont encore valables en 2025, si leur efficacité descriptive n’est pas entamée par le fait qu’il est aisé, désormais, de trouver des contre-exemples à tout axiome. La diversité des manifestations concrètes de l’art de la bande dessinée peut-elle s’interpréter en termes de norme et d’écarts ? Sinon, comment décrire et analyser un champ aussi hétérogène ? Il me semble – les lecteurs et lectrices en jugeront – que ma boîte à outils garde son opérativité en tant qu’elle porte essentiellement sur des lois générales. Par ailleurs, je me suis efforcé, plus encore que je ne l’avais fait précédemment, de ne pas être normatif et de faire droit, le plus largement possible, à tous les cas particuliers, y compris à certaines expressions radicales fort éloignées de l’orthodoxie et d’un quelconque état idéal ou classique du neuvième art.
Simplifiée à certains endroits, renforcée à d’autres et accompagnée d’une iconographie pour moitié inédite, j’espère que cette édition définitive apportera des réponses convaincantes à tous ceux qui, aujourd’hui et demain, voudront percer les secrets du langage de la bande dessinée. »
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Je signale à ceux qui se procureraient l’ouvrage qu’une fâcheuse erreur de fabrication s’est glissée à la page 161 : en effet, la planche reproduite (ill. 15), quoique issue du bon album, n’est pas celle que je commente, de sorte que mes propos sont rendus incompréhensibles. Je reproduis ci-dessous la page qui aurait dû figurer à cet endroit, tirée de l’album de Brrémaud et Corbettini Kernok le pirate (éditions Glénat).