Noël approchant, je m’autoriserai ici une page d’auto-publicité en informant les internautes à la recherche d’un cadeau que j’ai publié cet automne un beau livre consacré à l’art animalier, que l’on peut encore trouver (ou commander) dans toutes les bonnes librairies. J’ai raconté dans mes mémoires, Une vie dans les cases, comment j’en suis arrivé à écrire Belles Bêtes, un ouvrage sortant de ma spécialité habituelle (et qui n’était encore alors qu’à l’état de projet). Je reprends ici cette explication.

 

Mon amour des animaux, exprimé dans mon roman Parole de singe, m’a conduit de longue date à m’intéresser à l’art animalier. Autant que je sache, il n’existe aucun musée dans le monde qui se soit spécialisé dans les œuvres – de toutes natures, de toutes époques et de toutes provenances – mettant en scène le monde animal. Cela ne laisse pas de m’étonner, car je suis persuadé qu’un tel établissement serait populaire et très visité. Ce constat m’a inspiré, en 2013, un projet de série pour la télévision, dont l’action aurait pour cadre une petite ville célèbre pour posséder un remarquable parc zoologique, et qui, avec le concours d’un architecte renommé, réussirait un coup d’éclat en ouvrant un très grand et spectaculaire musée de l’art animalier. J’avais en tête l’impact formidable qu’a eu, à Bilbao, l’ouverture du musée Guggenheim construit par Frank Gehry.

La série aurait relaté, dans une première saison, le processus de décision conduisant à l’édification du musée, les oppositions et difficultés rencontrées, la constitution des collections par une équipe d’historiens d’art parcourant le monde à la recherche de pièces exceptionnelles. Ma double connaissance de l’art animalier et du fonctionnement d’un musée aurait trouvé là à s’employer. Les saisons suivantes auraient été fondées sur une mise en parallèle entre la vie du zoo (les animaux vivants) et celle du musée (leur représentation), non sans faire référence, en toile de fond, à la réduction dramatique que connaît ces dernières années la biodiversité (leur extinction).

Je ne suis pas introduit dans le milieu audiovisuel et je ne pense pas avoir ni l’énergie ni les compétences pour faire mes débuts de scénariste pour la télévision, sur un projet aussi ambitieux. Il est donc demeuré à l’état de rêverie, mais bientôt celle-ci a pris une orientation différente. L’idée d’un tel musée insistait en moi, jusqu’à devenir obsessionnelle. Plutôt que de le faire exister dans la fiction, pourquoi ne pas essayer de le concrétiser pour de vrai ? Cela m’aurait diablement excité de terminer ma vie professionnelle en relevant ce défi : porter le projet d’un nouveau musée, en développer le concept et en réunir les collections. Deux conditions apparaissaient d’emblée indispensables : être appuyé par une volonté politique, et disposer de moyens financiers importants. Il ne doit pas manquer, en France, de villes moyennes sur le déclin, qui possèdent un patrimoine immobilier laissé en friche, en attente de reconversion, et d’élus à la recherche de projets innovants qui pourraient apporter à leur territoire un regain de notoriété et d’attractivité. Le fait de ne pas savoir à quelle porte frapper et la crainte de ne pas être pris au sérieux m’ont empêché de passer à l’acte.

Et c’est ainsi que j’en suis venu à écrire Belles Bêtes, autour de près de 80 œuvres longuement commentées, qui, somme toute, constituent une sorte de musée idéal de l’art animalier, et que l’on n’aura jamais l’occasion de découvrir côte à côte ailleurs que dans les pages d’un livre.

Belles bêtes, Nouvelles Éditions Scala, 35 €, 192 pages, 96 illustrations. ISBN : 978-2-35988-287-2