Découverte inattendue, lors de la visite de l’exposition Viva Varda ! actuellement présentée à la Cinémathèque de Paris : on peut y voir une petite bande dessinée de la main de Chris Marker intitulée Little Varda. Millésimée 1955, elle met malicieusement en scène la réalisatrice de La Pointe courte, caméra à la main et entourée de chats. Dans le second strip, on reconnaît Alain Resnais dans le rôle du monteur, qui avait effectivement été le sien sur le film cité.
(La silhouette de « Little Varda » n’est pas sans faire un peu songer à celle de la Vilaine Lulu que Yves Saint-Laurent créera en 1956, mais dont les aventures ne seront publiées qu’en 1967.)
Marker avait joint sa bande dessinée à un courrier adressé à sa consœur et amie. Le catalogue de l’exposition révèle que « dans un autre comic strip, non daté, mais qu’on estime facilement de la même période, Varda est présentée comme la « Little Varda, the most incredible comic-strip character ». Elle est accompagnée, à bord d’un vaisseau spatial, du désormais fidèle « Allan ‘Madcap’ Reenay »…
Si Agnès Varda n’a jamais, à ma connaissance, manifesté d’intérêt particulier pour la bande dessinée (même si elle signa, dans Ah ! Nana n° 3, en 1977, une adaptation en roman-photo de son film L’une chante, l’autre pas), il n’en va pas de même de Chris Marker, ni d’Alain Resnais. Tous deux membres de la première heure du Club des bandes dessinées (futur CELEG), ils furent l’un et l’autre pressentis pour en prendre la présidence. Le nom de Marker n’apparut jamais au sommaire du bulletin (puis de la revue) Giff-Wiff, mais sa collection personnelle fut plus d’une fois mise à contribution, et son film La Jetée régulièrement cité comme l’un de ceux témoignant d’une dette du 7e Art envers la bande dessinée. J’extrais ces informations d’un article en ligne sur « Chris Marker et les comics » (https://chrismarker.ch/chris-marker-et-les-comics.html), où l’on peut voir une autre réalisation graphique du photographe et cinéaste : trois strips totalisant 18 cases, intitulés La Pathétique et Réelle Aventure du manuscrit génial (1952). Le manuscrit en est apparemment conservé au Fonds municipal d’Art contemporain de Genève, dépositaire des archives Marker. Mais l’auteur de l’article, Christophe Chazalon, pour informé qu’il soit, ne connaît pas Little Varda, qui relève évidemment de la sphère des échanges privés, et que l’on doit à la Cinémathèque d’avoir mis au jour.